… nuages, comme des élevages de poussière sombres et menaçants qui, du ciel où ils sont situés, rappellent les poussières linceuls générées sur terre par la folie des hommes.
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Les œuvres de Michel Huelin mettent en scène un biotope virtuel formé d’objets hybrides, d’êtres à la limite entre le végétal, l’animal et le minéral, de végétations luxuriantes et composites. Modelées par ordinateur, ces images prolifèrent de manière à la fois déroutante et fascinante. Images de science-fiction, elles expriment ce à quoi pourrait ressembler notre monde suite aux multiples manipulations génétiques de l’écosystème. Loin d’une vision cauchemardesque, l’artiste propose un futur psychédélique dans lequel plus rien ne semble pouvoir freiner la créativité : « Les mutations aléatoires, les anomalies calculées et les catastrophes imminentes sont autant de probabilités dans cet univers emprunt d’une sérénité trompeuse. »
Dans ses paysages d’entrelacs végétaux aux titres scientifiques de Xenobiosis ou de Phytotron, l’artiste greffe des tubes en plastique en guise de tiges à des plantes elles-mêmes issues d’un imaginaire florissant. De plus, des coups de pinceau de peinture les détache de tout contexte naturel et contraste avec l’effet hyperréaliste des autres éléments. Contrairement à la facture froide et lisse de certaines images de synthèse, les compositions quasiment baroques de Michel Huelin relèvent d’une grande richesse matérielle, d’une fine sensibilité tactile et génèrent des illusions de volume et de profondeur vertigineuses.
Dans la série des Grassbug, des monticules d’herbe prennent la forme d’étranges créatures. Ou est-ce au contraire des êtres humains et animaux en pleine mutation ? De même quelle surprenante créature est en train de germer dans l’incubateur, Incubator II, à la fois loufoque et inquiétant ?
Au-delà du plaisir esthétique et de la liberté formelle qu’apportent la manipulation des images virtuelles, Michel Huelin questionne la nouvelle imagerie scientifique générée par les progrès technologiques et par là même notre rapport au réel.
Caroline Nicod, Centre PasquArt, Bienne, pour l’exposition Genipulation, 2009