Habitable ?
Musée jurassien des Arts, Moutier
23 mars - 22 juin 2025
Musée jurassien des Arts, Moutier
23 mars - 22 juin 2025
23 mars - 22 juin 2025
Intitulée Habitable ?, l'exposition renvoie à la question de nos habitats, mais aussi à celle de notre relation avec la nature, tout en laissant planer un doute sur ce qui, aujourd’hui, est encore véritablement habitable.
S'appuyant sur l'hybridité, dans un va-et-vient entre la peinture et la création numérique, l'artiste explore les frontières floues entre le réel et l'irréel pour interroger le monde actuel. Dans ses créations numériques, il mêle des éléments de la réalité extérieure avec des compositions purement virtuelles. Dans sa peinture, il explore la matérialité du médium, mais confère à la surface de ses tableaux une brillance qui met à distance le spectateur, à la manière d'une image digitale. Oscillant entre familiarité et étrangeté, séduction et malaise, ses œuvres traduisent notre rapport ambigu au réel, à l'ère de l'omniprésence des écrans.

Grande salle
Peintures sans support, Coulures et Substrats

Dans les Substrats, des univers végétaux prolifèrent au fil d'entrelacs à la fois attirants et effrayants, en résonance avec les méandres des paysages. Michel Huelin y intègre des images de plantes réelles et des taches de peinture dans de pures créations numériques, qui peuvent pourtant revêtir, par elles-mêmes, un aspect pictural. Cette hybridation multiforme semble entraînée dans un mouvement perpétuel, mais reste liée au sol qui lui sert de « substrat ». Elle suggère subtilement l'adaptation de certaines espèces à leur environnement, mais aussi l’avenir incertain d’une nature génétiquement modifiée.

Substrat 9, 2025, jet d'encre, 99 x 176 cm
Abris
Lors du rendu d'une modélisation 3D d'un paysage, un problème (bug) est survenu dans le calcul délivré. Une trame régulière est alors apparue par accident. Michel Huelin l’a appréhendée comme une opportunité et en a réalisé une œuvre : Landscape Recovery 1 (bug), 2009. En 2024, cette œuvre est devenue le point de départ du papier peint Abris. Elle a été modifiée au moyen d’une intelligence artificielle générative afin d’obtenir une nouvelle création, représentant des ébauches de constructions dans un environnement évoquant des vues aériennes. L’artiste propose ici une étrange « récupération du paysage », selon le titre de l'œuvre de 2009. Par le biais d’erreurs de calcul et des algorithmes hermétiques de l’IA, il interroge la stabilité du paysage à l’ère des changements climatiques. Aux rares habitations parsemées dans ce papier peint répondent les tableaux également intitulés Abris, représentant des maisons isolées, traitées à la peinture et au scotch. Elles évoquent des maquettes et paraissent fragiles, ouvertes, transparentes, bien loin de la fonction traditionnelle d’abri attachée à l’architecture. Michel Huelin déconstruit autant qu’il construit ses structures architecturales et questionne le rôle et la validité de l’Habitable à l’ère des catastrophes naturelles et des migrations.




Grand Muveran – Papier peint
Le papier peint Grand Muveran a été réalisé à partir d’un ensemble de photographies prises par Michel Huelin lors de randonnées dans cette région qu’il affectionne particulièrement. Ces images ont été intégrées dans un logiciel de modélisation 3D. Le rendu, évoquant la technique du dessin, a été déterminé par les données photographiques des paysages et des matériaux naturels. Le résultat dégage une dimension picturale : le regard du spectateur, sans recul, plonge dans un réseau dense et souple de fibres colorées qui suggère un traitement au feutre. Le virtuel semble ainsi imiter une facture personnelle et une matérialité pigmentaire.
